Lancement de la Semaine de la justice, le ministre Kassogué s’explique : « Il existe un mur de glace entre les acteurs et les justiciables qu’il faut impérativement briser »

Pour chercher davantage à se faire connaitre, comprendre et améliorer ses services à l’endroit des justiciables maliens et du public, la justice annonce une série d’activités à travers l’initiative dénommée ‘’Semaine de la justice’’. Première fois de ce genre au Mali, le lancement de la 1ère édition s’est tenue, le lundi 23 janvier 2023 au CICB, sous la houlette du magistrat ministre de la Justice et des Droits de l’homme, Mamoudou Kassogué.

Le lancement de la Semaine de la justice s’est tenu sous la présence de plusieurs ministres dont Ibrahim Ikassa Maïga, ministre de la Refondation, en compagnie des représentants des Institutions de la République, des Ambassadeurs et représentants des Organisations internationales accréditées auprès du Mali…. Cet évènement sera ponctué par l’organisation d’une série d’activités.

Parmi lesquelles figure une conférence de parquet prévue ce mardi 24 janvier sous la présidence du ministre Kassogué. Quant au mercredi 25 janvier, une conférence coprésidée par les premiers Présidents de la Cour d’Appel aura lieu. Courant le même jour, une conférence des juridictions administratives sera également tenue. Elle sera présidée par le Président de la section administration de la cour suprême, selon le Dr. Boubacar Sidiki Diarrah, président de la commission d’organisation.

Le jeudi 26 janvier, une journée de portes ouvertes sur les juridictions spécialisées (Pôle économique et financier, tribunal de commerce, celui de travail et le tribunal pour enfant), passant par les services centraux et assimilés du ministère de la Justice aura aussi lieu. « La 1ère édition de la semaine de la justice sera clôturée par un Déjeuner-débat avec la presse et la société civile sur la lutte contre la corruption et la délinquance économique et financière », annonce le Dr. Diarrah, non moins secrétaire général du ministère de la Justice.

Pour le ministre Kassogué, la justice constitue le socle indispensable pour toute société aspirant à la paix, à la stabilité, à la cohésion sociale, mais aussi et surtout à la sécurité juridique et judiciaire sans lesquelles il ne peut y avoir de développement. Via une telle initiative, le chef du département estime que « la justice fait sa mue doucement mais sûrement.

Nous sommes engagés à l’imprimer un rythme rationnel de nature à asseoir davantage sa crédibilité et sa respectabilité par une saine et bonne distribution, tout en mettant en exergue la reddition de compte, la critique, l’autocritique pour améliorer le service ».

D’après lui, il est du devoir de l’Etat de concevoir un système permettant de faire abstraction de la perception individualiste de l’acte de la justice, pour créer les conditions de la vie en société à travers des règles juridiques et judiciaires, voire l’organisation d’une institution chargée de leur correcte application à l’ensemble du corps social. La connaissance de ces règles et de l’institution judiciaire fonde la légitimité de l’acte de justice.

Elle justifie, pour lui, que la perception collective et plus objective triomphe des considérations partisanes afin de garantir l’intérêt de l’ensemble de la collectivité. Mettant l’occasion à profit, le Garde des Sceaux poursuit et précise : « La justice serait mieux acceptée si les citoyens ont accès aux informations dont ils ont besoin pour comprendre les mécanismes à travers lesquels elle est rendue, notamment la juridiction compétente, la procédure suivie devant elle, les frais de justice, les voies de recours et les voies par lesquelles la décision définitive peut recevoir exécution ».

La justice reste peu connue par les justiciables

Lors du lancement de cette 1ère édition, le Garde des Sceaux précisait que la justice est peu connue des justiciables. D’après lui, une enquête menée en 2018 sur les besoins des Maliens en matière de justice révèle que 32% des citoyens sont informés sur la justice par le canal familial ou parental, contre 3% par l’Avocat et 2% par le Bureau d’Accueil et d’Orientation des services judiciaires.

La même étude démontre que 19% des Maliens ne savaient pas ce qu’il fallait faire quand un problème de justice se posait, 30% pensaient qu’ils n’avaient pas besoin d’être informés sur la justice, rapporte le ministre. Sur la base de cette donnée, le magistrat ministre trouve que « la méconnaissance de la justice est une responsabilité partagée entre le système judiciaire et le justiciable ».

Pour simple raison que la justice doit fournir des efforts pour se faire connaitre. Et les justiciables doivent se faire l’obligation de sortir du cadre familial pour, dit-il, approcher les services judiciaires à la quête d’informations fiables. Puis d’ajouter : « Il est unanimement reconnu qu’il existe un mur de glace entre les acteurs de la justice et les justiciables qu’il faut impérativement briser ».

Lequel mur se trouve renforcé, selon lui, par le langage ésotérique qui s’apparente au rugissement du tigre que seuls les initiés comprennent. La justice malienne doit jouer sa participation dans la refondation du pays. Aux citoyens, elle doit offrir, dans ce cas, un service public débarrassé de certaines insuffisances (la lenteur, la lourdeur, l’inaccessibilité, l’inefficacité, la corruption). Il rappelle que les autorités de la transition ont placé leur confiance en la justice. D’où son appel aux acteurs à l’application correcte de la loi et l’exemplarité sur le plan moral et professionnel.

Mamadou Diarra

Source: Le Pays

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