‘’Sans Détour’’ / Accès à l’information : la caporalisation de l’Administration

En ces temps-ci, l’accès à l’information au Mali par les hommes de médias est devenu un parcours de combattant. Dans les structures publiques, les consignes sont désormais claires : aucune information ne doit filtrer sans une autorisation expresse de la hiérarchie. Ces ordres sont bien respectés par les premiers responsables de l’ensemble des structures concernées.

En effet, la plupart des directions nationales, générales, régionales et autres services publics rattachés aux départements ministériels ont reçu des décisions ou notes de services interdisant tous les agents y compris les premiers dirigeants à livrer des informations sur leurs structures à la presse sans autorisation expresse.

Cette décision a rendu quasiment toutes les structures publiques muettes. Impossibles d’arracher une information des bouches des responsables des services concernés. Lorsque l’on tape à leurs portes et décline l’objet de la rencontre, la première réaction est : « Est-ce que vous avez une autorisation de la hiérarchie ? » Si l’on répond non, la seconde et dernière réaction est : « Sans cette autorisation expresse, je ne peux rien vous dire. »

Malgré cette envie de s’exprimer qui se lit sur les visages et dans les gestes, certains responsables de structures publiques se forcent toujours à respecter cette décision, même contre leur gré. « J’ai des choses à vous dire, mais seulement vous devez à aller chercher une autorisation expresse auprès de la hiérarchie », nous a confié un responsable d’établissement de santé, le 16 février 2024.

Lorsque l’on veut s’adresser à ceux qui sont censés être la hiérarchie, soit c’est la lourdeur administrative ou les négligences qui plombent tout. Cet état de fait constitue sans nul doute une caporalisation de l’Administration publique dont le but est la maîtrise totale de l’information. Sauf que cela est complètement aberrant ou absurde.

En réalité, nul ne peut prétendre pouvoir éternellement maîtriser l’information d’un service public. Le faisant, l’on laisse la place aux désinformations dont les sources peuvent être directement les usagers eux-mêmes ou les agents qui se sentiront en un moment donné frustrés. En ce moment, le service concerné sera victime de son propre silence et pourra difficilement convaincre.

Donc, lorsque les voix autorisées refusent de communiquer ou optent volontairement pour la dissimulation de l’information, des voix non autorisées se donneront l’autorisation de communiquer tout ce qui tombe sous leurs yeux. Mieux, elles donneront l’information à tous ceux qu’elles veulent et à leurs manières sans être forcément connues ou identifiées par les structures concernées. Autrement dit, l’information deviendra à la merci de tous, ce qui présage des dysfonctionnements au sein de l’Administration dont les conséquences ne peuvent être que tout simplement fatales.

Ousmane BALLO

Source : Ziré

 

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